Une cafétéria d'autoroute. Banlieue de Paris. Du gris et du noir à l'infini et une poignée d'humains qui ne peuvent s'empêcher de rêver plus haut que leur tête. On rêve avec eux, on pleure avec eux mais surtout on se marre et on admire le coup de main d'un Benchetrit qui, pour son deuxième film, ne se refuse rien. Dans la forme, dans le fond, sur  le casting et à travers des histoires qui s'entremêlent, il réussit un petit bijou que l'on croyait ne plus pouvoir croiser sur les écrans dans le cinéma actuel.
Tout est plaisant dans cette succession de petites truanderies: les allusions aux autres films noirs (et même au cinéma muet), des acteurs que l'on retrouve avec plaisir et qui visiblement en prennent beaucoup ( Laurent Terzief ou Venantino Venantini, pour n'en citer que deux) ou encore les clins d'oeil lunaires à la réalité (Bashung et Arno dans leur propre rôle et dans un numéro de parodie qui va se classer direct dans les moments d'anthologie et du rock et du ciné). On ne sait pas ce que l'on préfère dans ce film tant les histoires qui nous sont racontées sont à la fois multiples et drôles, humaines et bluffantes, remarquablement dialoguées (l'une des forces de Benchetrit, dramaturge déjà reconnu) et toujours très différemment filmées. L'unité se faisant sur la qualité d'un noir et blanc magnifique, d'un lieu assez commun pour tout regrouper et d'une Anna Mouglalis qui n'a pas froid aux yeux, qu'elle a de très jolis d'ailleurs comme dirait Obélix. Obélix, justement. Mauvais film, des millions d'entrées quand même. Et si on faisait l'inverse, pour une fois. Un triomphe à un bon film sans grosse  promo.