Je suis une fille sans histoire

Pour ce seul en scène qu’elle conçoit, écrit et interprète, Alice Zeniter, passionnée de narratologie, s’interroge sur comment et où naissent les histoires. En nous parlant d’œuvres littéraires, de narration, de l’histoire des textes et de la forme des récits, l’artiste change l’impersonnalité d’une conférence en performance à la première personne. Et si nos vies étaient d’immenses récits ?

Chaque fois que nous essayons d’exprimer quelque chose, du monde ou de nos vies, nous racontons des histoires. Dans ce spectacle, Alice Zeniter s’entoure du circassien Matthieu Gary, pour son engagement corporel et gestuel au plateau. Elle nous emmène de l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui pour enquêter sur le sens des histoires. Avec preuves à l’appui, elle convoque Duras, Sherlock Holmes ou encore Harry Potter pour arriver jusqu’aux modes d’écriture journalistique qui changent tout sujet en storytelling ! Dans un décor de papiers froissés d’où émergent le bureau et la chaise de la romancière, l’autrice de L’Art de perdre se demande pourquoi nous pleurons à la mort d’un personnage des Misérables ou pour quelles raisons les amours d’Anna Karénine l’agacent autant. Elle n’hésite pas non plus à recourir à des schémas et des tableaux pour mettre sémiologie et narratologie à notre portée, et se révèle prête à entreprendre, s’il le faut, le récit de ses orteils ! Dans un monde d’histoires dominé par des personnages masculins, Alice Zeniter décale les points de vue et transforme le spectateur en Dr Watson.