Manon

L'adaptation du classique sulfureux de l'Abbé Prévost par Jules Massenet dans un feu d'artifice de styles, s'empare avec autorité de la figure mystérieuse de Manon, amoureuse de l'amour et de la grande vie. Jusqu'à en mourir. Un opéra donné ici en version concert.

Sur la route du couvent, la belle Manon croise le chevalier des Grieux. Les deux jeunes gens tombent amoureux et s'enfuient. Mais des Grieux ne peut lui offrir la vie dont elle rêve et Manon cède au riche Brétigny. Désespéré, des Grieux se prépare à entrer au séminaire mais Manon le convainc de s'enfuir à nouveau avec elle. Il tombe alors dans le jeu et Manon dans la prostitution. 

Si Massenet adapte le roman de l'Abbé Prévost, L'Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut – qui fit scandale –, l'opéra n'en conserve qu'une partie de l'intrigue tout en rendant un hommage au XVIIIe siècle.
Autre changement : Manon est ici le personnage principal et figure les différents visages de la femme telle que définie par le désir masculin, « sphinx étonnant  ! » dual jusqu'au mystère.  Le style de l'opéra-comique, qui mêle passages parlés et chantés, renforce la structure dramatique de l'œuvre tout en ménageant une grande variété de climats et de styles. Ici, le pastiche répond au pathos, et l'opéra à l'opérette et à l'opéra bouffe, dans une démonstration de virtuosité musicale et vocale.
À la baguette de ce Manon, Daniele Rustioni poursuit l'aventure des opéras de Massenet en concert – donnés, comme ici, dans leur plus simple expression musicale, sans mise en scène, décor, ni costume –, offrant à l'envoûtante interprétation de la soprano Patricia Petibon le très exigeant et acrobatique rôle de Manon.