Quand la jeune comédienne et metteur en scène Lucie Berelowitsch a commencé à réfléchir pour le Théâtre du Nord à la programmation de Station Moscou, elle s’est dit que c’était le moment dans le cadre de l’année croisée France-Russie de proposer à Lille un coup d’œil sur la scène contemporaine russe, sa vitalité, son absurdité et sa violence. Elle a tout de suite pensé à Ivan Viripaev qu’elle a connu quand elle faisait le Conservatoire de Moscou - où l’enseignement de Stanislavski n’est pas oublié - et où elle fréquenta la classe de théâtre musical. Passionnée par les rapports entre les sons et les mots, Lucie Berelowitsch travaille le texte comme un matériau musical et c’est ce qu’elle a fait dans sa mise en scène de Juillet d’Ivan Viripaev - l’enfant maudit du théâtre russe d’aujourd’hui - un texte qui lui a fait un véritable choc physique. Auteur, comédien et musicien né à Irkoutsk Ivan Viripaev du haut de ses 36 ans n’hésite pas à dire : « Le théâtre m’a sauvé d’une carrière de criminel pour une seule et bonne raison : le banditisme et le théâtre ont deux choses en commun, le romantisme et l’escroquerie ! ». Nous voilà prévenu ! Dans Juillet, la frontière entre le bien et le mal n’est pas franchement définie et comme dans la  Russie d'aujourd’hui, la vie peut ressembler à une montée au calvaire ou à une descente aux enfers. On pense à Dostoïevski et à la mort de Dieu qui ouvre la porte à l’individualisme égoïste de l’homme… Quand l’identité russe ne sait plus à quel saint de vouer, le dérapage est total !
Au programme de cette incursion dans la Russie culturelle de l’après Poutine, Soundrama et Vladimir Pankov, Le Nuage en Pantalon de Maiakovski, Vient la voiture nous attend de Yuri Klavdiev ainsi qu’une lecture de Danse « Delhi » de Viripaev toujours, sans oublier une rencontre dans le cadre de Citéphilo sur l’héritage communiste dans la Russie d’aujourd’hui.