Christophe Tarkos, poète prolifique à la vie brève, fut un ardent défenseur de la suprématie de la poésie et de la puissance de la langue française. Une poésie faite d’incantation et de psalmodie, une poésie orale débarrassée de tout lyrisme, dont s’est emparée le compositeur et metteur en scène Roland Auzet. Sur scène, deux comédiens se font face : le premier, Hervé Pierre, sociétaire de la Comédie-Française, allie virtuosité de la parole et épaisseur humaine ; le second, Pascal Duquenne (primé pour son rôle dans Le Huitième jour), interroge par sa présence silencieuse et souriante ce besoin de dire tant pour exister. En peignant sur les panneaux du décor de longues spirales blanches ou rouges, il tente de redéfinir ce qu’être un homme veut dire. C’est la rencontre de l’ordre et du désordre, qui par un jeu de miroir inversé va créer un étrange sentiment de fraternité et interroger la notion de normalité.