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expos

Maîtres camarades

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C'est l'histoire d'une amitié, liant Henri Matisse et Albert Marquet, deux monstres de la peinture contemporaine. Une histoire retranscrite par leurs correspondances et reflétée à travers leurs oeuvres et parcours respectifs...

Il était une fois un fils d'une famille de notables cambrésiens. Il était une (seconde) fois un fils de modestes cheminots bordelais. Réunis aux Beaux-Arts par une précoce vocation pour le dessin, dans la classe de Gustave Moreau. Là, s'instaurent rapidement des liens d'amitié, « une situation d'échange et d'émulation qui leur a permis de progresser » raconte le commissaire de l'expo, Olivier Le Bihan. Et qui va perdurer, d'abord à un moment décisif de leur parcours, le tout début. Du dessin, beaucoup, à Matisse les natures mortes, là où Marquet s'essaye davantage au portrait. L'aventure du fauvisme, « qui les rapproche tout en affirmant très tôt leur divergence artistique », stimulant audace et expérimentation : Matisse, c'est « la richesse chromatique de la peinture, la musicalité de la ligne, l'inlassable raffinement de l'abstraction décorative », Marquet, c'est « le renouvellement de la banalité, sinon l'ingratitude, observateur placide et amusé d'un monde flottant aux harmonies diaphanes ».

VA-ET-VIENT

Suivent les temps de l'émancipation, les chemins s'éloignent, se croisent et se retrouvent, éloignement palié par l'écrit : les deux artistes partagent des impressions, des idées, des réflexions (et même des oeuvres), les échanges sont gouailleurs et savoureux, parsemés de caricatures et graffitis, d'intimité et d'inquiétudes passagères... Les deux artistes voyagent, « arpentent les mêmes rivages, hantent les mêmes villégiatures », se succèdent dans les mêmes ateliers, se retrouvent. 1899, les Nus, et également des différences : « Matisse transpose à tous vents, dans un débordement de touches divisées », « Marquet pointille lui-aussi avec véhémence mais capte la lumière tombant sur le creux du dos dans un modelé vibrant soulignant les lignes ». Matisse s'essaye à la sculpture « pour se reposer de la peinture et mettre de l'ordre dans son cerveau », Marquet, stimulé par la fougue de Matisse, « pousse l'expérience du pointillisme  dans sa peinture »... Dix années de travail commun et un demi-sicècle d'amitié « qui leur ont permis de dégager leur propre perception de l'art, d'appréhender la couleur comme vecteur de leur émotion, trouver les signes plastiques nouveaux de leur propre modernité ». Une amitié battant aujourd'hui de nouveau dans le coeur artistique de Bordeaux.

Publié le 14/07/2009 Auteur : W. Do Nascimento

Matisse – Marquet : correspondances, du 16 juillet au 2 novembre à la Galerie des Beaux-Arts (6/3e/Gratuit). Tel : 05.56.10.20.56.


Mots clés : expos