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classique

summertime au coeur de l'hiver

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Dans le sillage de George Gershwin, la troupe du Cape Town Opéra nous entraîne en Caroline du Sud, chez Porgy and Bess, pour un opéra rythmé à l'accent afro-américain.
Quand on va voir un opéra, on s'attend à ce que certains canons soient respectés : les chanteurs/acteurs se doivent d'être vêtus de manière somptueuse, les décors sont voués à être grandioses afin de refléter la hauteur des idéaux des personnages. La musique se cantonne au classicisme au risque parfois, pensent les néophytes, d'être trop pompeuse, voire soporifique. S'ils pensent ainsi, c'est qu'ils n'ont certainement pas eu la chance d'assister à un opéra version Gershwin. Une chance à saisir pour les bordelais, car Porgy and Bess, opéra de George Gershwin sur un livret d'Ira Gershwin, son jeune frère et d'Edwin DuBoise Heyward, basé sur le Porgy, roman écrit par ce dernier, sera donné au Grand Théâtre la seconde quinzaine de Janvier.Et il à de quoi faire tomber en amour avec l'opéra les plus réticents.
SEX DRUGS AND JAZZ
Car cet opéra là chamboule tout. Loin des hautes sphères de la société, les protagonistes, au premier rang desquels Porgy et Bess, sont les habitants du modeste quartier noir de Catfish Row à Charleston, Caroline du Sud. Dans un contexte social mêlant pauvreté et addictions, à la drogue ou au jeu, l'argument décortique avec acuité, à la manière des pièces de Tennessee Williams, le fonctionnement d'une société américaine colonialiste à deux vitesses. A Catfish Row, les habitants luttent avec la précarité et les vicissitudes du quotidien tandis que sur les perons des demeures coloniales, à quelques lieux de là, on boit de la limonade bien frappée. C'est dans ce contexte que vivent Bess, son voyou de mari nommé Crown, et Porgy, mendiant estropié qui décide de prendre sous son aile cette dernière. Car Bess est sous le joug de son époux, qui l'abandonne suite à une partie de Crap's qui finit en bain de sang, et de Sportin'Life, dealer notoire avec lequel il est en cheville. Musicalement s'ajoute à cette trame réaliste et moderniste, bien éloignée des sempiternelles tragédies qui hantent le genre, une bande sonore qui réalise avec brio le syncrétisme entre les musiques afro-américaines traditionnelles comme le gospel, le jazz, et les techniques d'orchestration européennes. De cette partition sont issus certains grands standards du jazz, comme l'incontournable Summertime. Enfin, s'il faut encore des arguments, Porgy and Bess sera interprété ici par la troupe de l’Opéra de Cape Town en Afrique du sud, ouvrant la saison 2014 de l'opéra et clôturant en beauté 2013, année de l'Afrique du sud en France.

Publié le 08/01/2014 Auteur : Anaïs Rouyer

Porgy and Bess, du 16 au 26 janvier à l'Opéra de Bordeaux. Tarif : 8 à 85 euros. http://www.opera-bordeaux.com

Mots clés : classique